Enfin une loi contre la discrimination capillaire
- Eleonore Bassop
- 20 mai 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 mai 2024
En mars 2024, Olivier Serva, député de la Guadeloupe, présentait à l’Assemblée nationale une proposition de loi pour reconnaître et sanctionner la discrimination capillaire. Ce sujet, loin d'être superficiel, soulève plusieurs questions importantes :
Histoire et Politique : Nos cheveux sont une affirmation politique de notre histoire.
Normes de Beauté : Nous subissons des canons de beauté imposés par une société consumériste.
Réappropriation Culturelle : Notre culture, longtemps déconsidérée, devient rentable pour beaucoup.
Le malaise envers les cheveux crépus vient aussi de nous. Deux films documentaires, "Good Hair" (2009) de Chris Rock et "Touch My Hair" (2013) d'Antonia Opiah, ainsi que l'ouvrage de Willie Morrow "400 Years Without a Comb" (1973), explorent ce rapport difficile.

©Sandro Miller / Fifty One Gallery
Les cheveux ont une importance sociale, esthétique, et mystique dans les civilisations africaines. Cependant, l'esclavage et la colonisation ont dévalorisé cette représentation, forçant les femmes noires à dissimuler ou lisser leurs cheveux.
Dans les années 60 et 70, le mouvement "Black is Beautiful" et des figures comme Angela Davis ont redonné aux cheveux noirs leur dimension révolutionnaire. En Afrique, malgré l'influence occidentale, les coiffures traditionnelles ont persisté.
Juliette Smeralda, dans "Peau noire, cheveux crépus : l'histoire d'une aliénation" (2005), explique que le défrisage est un symptôme inconscient de complexes hérités de l'oppression.
Depuis les années 2000, le mouvement Nappy a redéfini l’image des personnes noires dans les sociétés occidentales. Des artistes comme Solange Knowles avec "Don’t Touch My Hair" (2016), les réalisateurs de "Hair Love" (2020), et des auteurs comme Laura Nsafou, Barbara Brun, et Rokhaya Diallo, travaillent à normaliser et sublimer les cheveux naturels africains, libérant ainsi les personnes d’ascendance africaine des stéréotypes et de cette ennuyeuse uniformité.
Comments